Sò di Vighjaneddu, je suis de Vighjaneddu

C’est le titre d’une nouvelle chanson du groupe I Muvrini, engagé pour la stratégie Zeru Frazu, Zéro Déchet, Zéro gaspillage en Corse

Invité à l’émission de Kristina Luzi sur France Bleu RCFM le 26 janvier 2021, le leader du groupe I Muvrini, Jean-François Bernardini, présente le dernier titre du groupe « Sò di Vighjaneddu – je suis de Vighjaneddu »

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Pour écouter la chanson c’est ICI


 

Loin de l’Amazonie, de l‘Australie qui brûlent, loin des océans de détritus, et pourtant si proche, Vighjaneddu*, un petit village de Corse, et il n’est pas le seul, croule aujourd’hui sous des milliers de tonnes de déchets enfouis.

Face à nous qui jouons au renvoi des responsabilités, dans une routine qui nous détruit, la catastrophe avance.
Par la voix de Fellag, l’un de leurs plus grands humoristes et frère de grand talent, nos amis algériens disent – et c‘est devenu proverbial – : « Dans le monde entier on dit, quand un peuple coule, quand il arrive au fond, il remonte. Nous, quand on arrive au fond, on creuse ! »
En attendant, en Corse les faits sont là.
Nous croulons sous les déchets, qui pourraient être réduits par des gestes et méthodes simples, à commencer par le tri des déchets alimentaires et de jardin, et leur traitement séparé par compostage.
– Sur 9 plateformes publiques de compostage prévues, seulement 2 ont été construites, dont l’une n’est pas encore opérationnelle au Centre Corse-Corti, près de deux années après son inauguration !
– Aucune structure capable de valoriser par compostage les bio-déchets et les déchets verts n’a été réalisée à proximité des grandes agglomérations, des villes d’Ajaccio et de Bastia !
Un comble !
Pourtant, l’Ademe, opérateur majeur historique de la politique de prévention et de gestion des déchets, accompagne la nouvelle politique déchets définie par la loi d’août 2015 et celle de février 2020. Elle prône la généralisation d’ici 2023 d’un tri à la source des bio-déchets pour tous les producteurs. Elle soutient et encourage les collectivités en ce domaine. (194 millions d’Euros investis en 2016).
Nos irresponsabilités ont des conséquences inéluctables. Le «pèlerinage du frazu à gogo» à travers toute l’île, d’Ersa à Vighjaneddu, et le ballet des camions témoignent de ce gouffre : encore et encore plus de sites d’enfouissement.
D’autres en profitent pour demander des « usines magiques » et bien sûr, un incinérateur, que personne ne veut dans sa commune.
Une impasse et un sacré déni face au réchauffement climatique.
Il ne nous resterait donc plus qu’à choisir entre le mauvais et le terrible ?
On nous dit que la Corse serait au pied du mur. Alors changeons de cap !
La bonne partition est sur la table. Le parlement de Corse a établi un cadre et a donné à notre société en 2016 et 2018 la bonne perspective. C’est la stratégie vertueuse et efficace qui fonctionne partout dans le monde où on l‘applique : la stratégie « Zero Waste »
– je refuse le sac noir anonyme et irresponsable
– je trie, je réduis, je composte
– j’exige la collecte séparée et porte-à-porte
– j’exige une facture incitative qui encourage l’intelligence de tous et gratifie le geste de tri.
Ce sont les 19 com-com de Corse pour la collecte, et le Syvadec pour le traitement, qui ont en charge d’organiser la logistique, la pédagogie et le fonctionnement.
La com-com de Calvi Balagna nous donne la preuve que cela est déjà possible dans 9 communes sur 14. D’autres démarches sont initiées et elles ouvrent la bonne voie.
En Sardaigne, avec cette même partition, cette même pédagogie et une politique de contrôle des gestes citoyens, le pourcentage des déchets triés et collectés séparément, atteint le taux de 73%, réduisant ainsi le volume des déchets à enfouir.
Pourquoi ce qui fonctionne, ce qui est possible ici ou là, n’est-il pas encore appliqué en Corse dans toutes nos com-com ?
L’expertise de l’ONG Zero Waste est plus que fiable.
Il est grand temps de cesser de rêver aux « usines miracles » qui prétendent trier à notre place. Leurs coûts sont exorbitants pour de mauvais résultats. Elles s’opposent au développement du tri manuel à la source. Elles s’opposent à la réduction indispensable de nos déchets telle que la loi nous l’impose. Ces « solutions d’avant-hier » ne sont évoquées par toutes les institutions que par défaut, quand tout le travail en amont n’est pas effectué.
Priorité à la prévention et à la réduction. Tous les procédés de brûlage ou d’enfouissement de nos déchets en mélange sont sans avenir.
Avec nos dix doigts, nous possédons bien mieux, et ce sont là, les gestes d’aujourd’hui et de demain.
Bien sûr, une chanson n’est que peu de chose. Mais parce que notre lien à la Terre Mère est encore vivant, elle a peut-être quelque chose à faire résonner en nous ?
Une unité d’intelligence. Une unité de responsabilité. Una unità d’amore è di rispettu pè a nostra terra, pè quelli d‘oghje è quelli di dumane.
Cette chanson est dédiée :
à nos enfants
aux citoyens de Vighjaneddu, Prunelli, Tallone, Vicu, Ghjuncaghju, Moltifau…qui sont les premiers, ou seront les prochains sacrifiés, les prochains sinistrés
au mouvement Zero Waste
à Zeru Frazu di Corsica
à toutes les initiatives vertueuses, connues et inconnues
à tous les citoyens et les élus de Balagne, de Letia ** et d’ailleurs
à celles et ceux, élus, associations, citoyens, ambassadeurs du tri, employés des com com qui dans les actes et les gestes quotidiens, nous donnent et donneront l’exemple du possible

En ce domaine, ce qui est vrai pour la Corse, est vrai pour la Planète entière.

« Sò di Vighjaneddu,  je suis, ils sont de Vighjaneddu

i muvrini

 

* Écouter le premier adjoint au maire de Viggianello le 19.08.2020 sur Alta Frequenza
**Corse-du-Sud : Letia, un village sans poubelle Corse Matin 19.01.2021

Retrouver cet article sur le site du groupe I Muvrini ICI

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